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Ouverture de 9 972 procédures collectives au 1er trimestre 2022 : + 34,6 % vs T1 2021

Affaires - Informations professionnelles
19/04/2022
Pour le premier trimestre 2022, l’étude Altares fait ressortir un nombre de défaillances en hausse par rapport au premier trimestre 2021, qui tout en se rapprochant du niveau atteint au début de 2020 (10 902) est encotre très éloigné de ceux de 2019 et 2018. Les PME de 10 à 49 salariés apparaissent particulièrement fragilisées (hausse des défaillances de 56 %), de même que les entreprises les plus jeunes ; par ailleurs, les secteurs à destination du consommateur sont sévèrement touchés.
"Un retour à une forme de normalité qui implique aussi une reprise des défaillances", souligne Thierry Millon, directeur des études Altares, au vu des chiffres du premier trimestre 2022. Depuis novembre 2021, le niveau de sinistralité augmente au fil des mois pour atteindre + 35 % en ce début d’année : "dur retour à la réalité" !
 
Par type de procédure, les chiffres sont les suivants (données arrêtées au 1er avril de chaque année) :
 
 
 Ouvertures de procédure
 
    1er trim. 2021     1er trim. 2022  
    Évolution
 
 Sauvegardes       170 (2,3 %)         220 (2,2 %)        29,4 %
 Redressements judiciaires    1 493 (20,2 %)     2 188 (21,9 %)        46,6 %
 Liquidations judiciaires
 directes
    5 743 (77,5 %)     7 564 (75,9 %)        31,7 %
 Total     7 406 (100 %)     9 972 (100 %)        34,6 %
 Procédures de traitement
 de sortie de crise (système
 temporaire)
      14 (4e trim.)             18            
 
Même si le nombre des procédures de sauvegarde est en hausse, il reste toujours très faible. Les redressements judiciaires sont en progression sur un an (+ 46,6 %), mais ne représentent que 21,9 % des procédures. Quant aux liquidations judiciaires directes, elles atteignent un niveau élevé (+ 31,7 %).
 
Les procédures ouvertes concernent majoritairement (94 %) des entreprises de moins de 10 salariés (9 265 TPE se répartissant comme suit : 465 pour les 6 à 9 salariés, 1 266 pour les 3 à 5 salariés et 7 534 pour les moins de 3 salariés), avec un nombre de liquidations judiciaires très important.

Les procédures collectives touchant les PME de 10 à 49 salariés enregistrent une très forte hausse (645, soit + 56 %) tandis que les entreprises d’au moins 50 salariés ont mieux résisté au contexte.

Selon les données Altares, le nombre total d’emplois menacés s’élève à 30 260 (29 940 au premier trimestre 2021), soit en moyenne 3 par entreprise (contre 4 au premier trimestre 2021). Sur la période, les emplois menacés par type de procédure se répartissent ainsi :
— sauvegarde : 20 (contre 37,8 en 2021) ;
— redressement judiciaire : 5,2 (contre 7,3 en 2021) ;
— liquidation judiciaire directe : 1,9 (contre 2,2 en 2021).
 
Secteurs d’activité et régions

La hausse des défaillances est particulièrement nette en ce qui concerne les activités exercées en direction du consommateur : restauration (+ 111 % pour la restauration traditionnelle ; + 87 % pour les débits de boissons) ; services aux particuliers (+ 86 % pour les salons de coiffure ; + 48 % pour l’enseignement ; + 44 % pour les activités récréatives) ; commerce de détail (+ 83 % pour l’alimentation générale ; + 65 % pour les ventes "hors magasin").

Les autres activités connaissent une augmentation moins marquée, par exemple : + 17 % pour les services aux entreprises ; + 19 % pour la construction ; + 29 % dans l’industrie manufacturière (mais + 95 % pour l’agroalimentaire et + 46 % pour le transport routier de marchandises).

Les régions qui comptabilisent le plus de défaillances sur la période sont les suivantes : Hauts-de-France (839 / + 71,6 %) ; Bourgogne – Franche-Comté (363 / + 66,5 %) ; Normandie (383 / + 52 %) ; Occitanie (887 / + 46,6 %) ; Nouvelle-Aquitaine (854 / + 42,3 %). D’autres affichent des hausses plus modérées : + 15,9 % pour la région Île-de-France (2 196) ; + 19,8 % pour la région Centre – Val de Loire (315) ; + 27,4 % pour la région Bretagne (363). On notera la bonne position de la Corse avec - 2,4 % (40).

En conclusion

La situation toutefois encourageante de début 2022 est assombrie par le contexte internationnal, malgré le "Plan Résilience" mis en place pour aider les entreprises les plus impactées par la guerre en Ukraine. Pour citer Thierry Millon, ce nouveau paquet de mesures "doit soulager les trésoreries, mais le gouvernement exhorte les entreprises à tout faire pour continuer à payer leurs factures dans les temps. En effet, si les délais de paiement interentreprises ont été bien maîtrisés jusqu’à présent, les turbulences de ce début d’année pourraient changer la donne".
Source : Actualités du droit